Description

Produire une image de la surface matérielle fut toujours accompagné d’une insatisfaction que ce soit en dessin ou sur une toile. L’Étonnement en était absent comme une impression d’enlisement dans l’esthétisme du miroir et sa simple succession optique de variations sur un même thème. 
L’espoir que portait la macrophotographie semblait suivre le même destin déprimant jusqu’au jour, sans trop savoir pourquoi, l’objectif de l’appareil s’immisça dans la matière. Il y révéla, oh surprise, un monde époustouflant aux décors mirifiques, un visible éphémère et fluctuant, vulnérable de fragilité dans le drame inéluctable de son anéantissement. Cette instantanéité et cette volatilité donnent à ses photographies une appartenance  au phénomène d’anamorphose.
 La quête avait trouvé La Terra Incognita d’une activité artistique qui n’a eu de finalité que de s’arracher à la désespérance de l’ordinaire. Pas une fuite mais un répit, un retour à l’émotion puissante et tranquille de l’émerveillement.  En somme, c’est trouver l’oasis dans le désert… s’y nourrir, s’y abreuver et s’y ressourcer.

Un désert que soulagent à peine Munch, Cézanne, Pollock, Riopelle, Van Gogh, Pissaro, Monet, Vermeer, Otto Dix, Chagall et Bach, Vivaldi, Pärt, Chostakovitch, Schoenberg, Webern, Gorecki, Beethoven, Mozart ainsi que Cioran, Nietzsche, Rimbaud, Bobin, Miller, Hemingway, Sollers, Pessoa… Bref,  « Un visible qui donne à en voir un autre »  avec uniquement le réflex numérique en mains dans l’environnement du quotidien.

 

Les photographies de Balbize, leurs textures, leurs visuels colorés et lumineux qui apparaissent comme des toiles, s’apprécient et se révèlent dans la pénombre, dans le retrait apaisant de la nuit. Il faut faire un effort pour se convaincre que ce sont des photographies. Une magie où chacun y trouve matière à naviguer, à découvrir et, espérons, à voir.
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Vivare es no necesse. Navigare es necesse

Fernando PESSOA